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ANTSOHIHY

23h32. La nuit est tombée. Depuis déjà longtemps. Les kilomètres défilent. Pas très vite.

Doucement même. La journée a été longue. Très longue. Trop longue.

14h de route depuis Majunga. 14h de virages, de lignes droites, de pistes rouges, de pauses pipi, de paysage délicieux.

Mais Diego, la destination, est encore loin. Très loin. Trop loin.

Dans les phares du 4x4, sale et fatigué, un panneau délabré, à peine lisible, annonce Antsohihy…

 

Le bout du monde pour certains... 

Pour nous l’étape est obligatoire tant la mécanique comme les corps ont souffert…et ne veulent plus aller de l’avant…sans quelques heures de repos.

Dans un nuage de poussière, le véhicule, à la folle et désespérée recherche d’une trace de vie dans la nuit déjà bien avancée, stoppe sa route devant une petite enseigne lumineuse, blafarde, faiblarde...

 

Peut-être un endroit pour apaiser les corps, se reposer et se restaurer.

 

En poussant la porte, l’horizon était là...

 

 

 

 

 

 

 

 

La vie s’était arrêtée ici, avant nous, bien longtemps avant nous…

 

Il n’y a plus de passé, plus de futur. Le présent est maître des lieux.

Un vacarme inouï, assourdissant, craché par un radio-cassettes à piles, diffuse un vieux tube de Mily Clément pour 4 à 5 âmes perdues, éparpillées, solitaires, affalées, gaspillées, dans une grande salle obscure, sombre et rouge…

 

Une serveuse fatiguée qui avait dû servir tant d’alcools forts et consoler tant de solitudes désespérées, nous sourit timidement, accoudée à son un vieux bar en palissandre, lourd, massif et usé. Elle n’est pas surprise de nous voir entrer.

Elle n’est sans doute plus surprise de rien…

 

 

 

 

 

Quelques brasseurs d’air bancales, plaintifs, vibrants, poussiéreux, dansent difficilement entre les toiles d’araignées, leurs probables derniers tours…

 

Rien ne se passe, seuls les verres se vident. Doucement. Très doucement. La bière est chaude, éventée, et les regards sans expression. Une odeur forte enveloppe la grande pièce. Subtil mélange de sueurs, d’urines et de semences diverses, elle est presque irritante…et pique autant les narines que les yeux.

 

L’endroit est improbable, mystérieux, sorti du temps, sorti de nulle part, sorti de la réalité…

 

Mais, sans pouvoir expliquer ni pourquoi ni comment, la magie opère et tout semble harmonie…

Un petit coin de paradis, tout au bout de la nuit...

 

 

Bienvenue à Antsohihy...

 

Vous l’attendiez toutes et tous,

 

Voici le dernier opus de LaBandaGotso…;-)

Poussez le volume, ajustez vos enceintes, mettez-vous à l’aise, ouvrez bien les yeux…et poussez la porte avec nous…

 

Bon voyage, Soava Dia...

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